sábado, 15 de noviembre de 2008

LA POÉSIE

NE TOMBE JAMAIS AMOUREUSE

Vivre accompagné

n’est pas un conseil

c’est l’unique manière de vivre,

et je profite du dire,

pour laisser dans votre intelligence

l’enseignement le plus beau :

La poésie ne tombe jamais amoureuse.

mais, cependant, elle a pour amants

tout ce qui augmente sa beauté,

sa vaillance, sa force, son pouvoir.

3

Homme ou bois, peu lui importe,

l’homme doit être exemple ou nouveauté

et le bois, en plus d’être beau et délicat,

doit servir pour le berceau ou bien pour le cercueil.

Femme ou science, peu lui importe,

la femme doit être exemple de liberté

et la science, en plus de complexe et exacte,

doit pouvoir aimer le monde, le transformer.

5.

Enfant ou maître, elle ne demandera rien,

l’enfant doit être un exemple de croissance

et le maître, au-delà

d’enseigner à lire et écrire,

devra un jour

arrêter sa propre croissance

pour que dans le monde

un enfant se fasse homme.

Fleur ou diadème, elle saura tout,

la fleur doit être belle et mourra toujours

et le diadème, en plus de toujours briller,

apprendra à s’éteindre quand mourra la fleur.

7

Éléphant taciturne

ou

chevaux désespérés.

La poésie a ses cimetières et,

aussi, ses prairies infinies

mais l’éléphant devra apprendre

à ne pas se laisser soumettre par la mort

et, en mourant,

il devra être accompagné.

Et les chevaux pourront voler

et aimer s’ils veulent

mais ils doivent être toujours des chevaux,

qui savent apprécier les différences

entre galop et

trot et soumission

et, en retenant le cheval dans un poème,

tout le monde voudra le voir voler

et si le poème

a été écrit par un homme,

cheval volera et

quand il s’arrêtera

quelque chose dans le monde s’arrêtera

et il y aura un vers que personne n’écrira,

un double espace

plein de chevaux au trot,

galopant,

à l’arrêt,

volant éperdus.

8

Et, pour que les enseignements ne restent pas en l’air,

nouvelles réincarnations furieuses de la langue,

je vous dis comme final qui est un commencement :

Atteindre mes vers est une tâche possible pour vous,

mais atteindre vos vers sera

impossible pour moi.

Il y a un vers de l’un d’entre vous

qui sera mon épitaphe et ce vers,

je veux vous le faire savoir, est pour moi,

insurmontable.


Miguel O. Menassa

" La maestría y yo"

Traduction de

Claire Deloupy


2 comentarios:

Amelia D.C. dijo...

El idioma francés me parece encantador y la poesía en francés me conmueve de manera diferente. Hace que el mismo poeta sea un nuevo poeta.
Gracias
A.D.

Sylvie Lachaume dijo...

Quelle fantastique traduction !
Un second poète, oui, c'est bien dit. Et ton travail y est pour beaucoup. Ta façon d'utiliser le français est merveilleuse. Merci beaucoup. Depuis Lacan, je n'avais rien lu d'aussi implacable dans la grandeur et la beauté du langage.