LA POÉSIE
NE TOMBE JAMAIS AMOUREUSE
n’est pas un conseil
c’est l’unique manière de vivre,
et je profite du dire,
pour laisser dans votre intelligence
l’enseignement le plus beau :
La poésie ne tombe jamais amoureuse.
mais, cependant, elle a pour amants
tout ce qui augmente sa beauté,
sa vaillance, sa force, son pouvoir.
3
Homme ou bois, peu lui importe,
l’homme doit être exemple ou nouveauté
et le bois, en plus d’être beau et délicat,
doit servir pour le berceau ou bien pour le cercueil.
Femme ou science, peu lui importe,
la femme doit être exemple de liberté
et la science, en plus de complexe et exacte,
doit pouvoir aimer le monde, le transformer.
5.
Enfant ou maître, elle ne demandera rien,
l’enfant doit être un exemple de croissance
et le maître, au-delà
d’enseigner à lire et écrire,
devra un jour
arrêter sa propre croissance
pour que dans le monde
un enfant se fasse homme.
Fleur ou diadème, elle saura tout,
la fleur doit être belle et mourra toujours
et le diadème, en plus de toujours briller,
apprendra à s’éteindre quand mourra la fleur.
7
Éléphant taciturne
ou
chevaux désespérés.
La poésie a ses cimetières et,
aussi, ses prairies infinies
mais l’éléphant devra apprendre
à ne pas se laisser soumettre par la mort
et, en mourant,
il devra être accompagné.
Et les chevaux pourront voler
et aimer s’ils veulent
mais ils doivent être toujours des chevaux,
qui savent apprécier les différences
entre galop et
trot et soumission
et, en retenant le cheval dans un poème,
tout le monde voudra le voir voler
et si le poème
a été écrit par un homme,
cheval volera et
quand il s’arrêtera
quelque chose dans le monde s’arrêtera
et il y aura un vers que personne n’écrira,
un double espace
plein de chevaux au trot,
galopant,
à l’arrêt,
volant éperdus.
8
Et, pour que les enseignements ne restent pas en l’air,
nouvelles réincarnations furieuses de la langue,
je vous dis comme final qui est un commencement :
Atteindre mes vers est une tâche possible pour vous,
mais atteindre vos vers sera
impossible pour moi.
Il y a un vers de l’un d’entre vous
qui sera mon épitaphe et ce vers,
je veux vous le faire savoir, est pour moi,
insurmontable.
Miguel O. Menassa
" La maestría y yo"
Claire Deloupy
2 comentarios:
El idioma francés me parece encantador y la poesía en francés me conmueve de manera diferente. Hace que el mismo poeta sea un nuevo poeta.
Gracias
A.D.
Quelle fantastique traduction !
Un second poète, oui, c'est bien dit. Et ton travail y est pour beaucoup. Ta façon d'utiliser le français est merveilleuse. Merci beaucoup. Depuis Lacan, je n'avais rien lu d'aussi implacable dans la grandeur et la beauté du langage.
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